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Page:Grenier - Souvenirs littéraires, 1894.djvu/38

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ou de Mâcon toutes les vignes que leurs propriétaires obérés venaient lui offrir ; et il les payait sans voir et sans compter. Il alla plus loin même : il vint un moment où il achetait en bloc, dans le Mâconnais, des récoltes sur pied, convaincu qu’il faisait une spéculation magnifique et qu’il en revendrait le produit avec un grand bénéfice. Il n’en fallait pas tant pour tarir sa fortune et celle des siens.

Il lutta longtemps avec un courage qu’on n’a pas assez connu et admiré. Comme Walter Scott, il voulut combler ce déficit avec sa plume. C’est alors qu’il écrivit le Conseiller du peuple et ses Entretiens littéraires, sans compter ses différentes histoires, ses souvenirs et ses romans. Quand ses amis virent qu’il allait succomber à la tâche, ils lui suggérèrent l’idée d’une souscription. Il s’y refusa. Plus tard, il consentit enfin. Mais l’heure était passée. La France était lasse d’entendre les plaintes du grand homme déchu. Son nom lui était devenu un remords. Serait-ce calomnnier l’Empire, le gouvernement d’alors, que de supposer qu’il voyait cette déchéance sans trop de peine ? Les ouvriers avaient eu la généreuse et grande pensée de donner au Lamartine de 1848 une journée de travail. C’eût été la plus noble des souscriptions. L’empereur ou ses ministres ne permirent pas cette manifestation touchante. Napoléon s’inscrivit pour dix mille francs,