Aller au contenu

Page:Grenier - Souvenirs littéraires, 1894.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vers la plaine, dont le fond est tapissé de pâturages et coupé par un ruisseau que bordent des chênes entremêlés de saules libres, d’une élégance de forme admirable. C’est à travers ce rideau de beaux arbres qu’on aperçoit Saint-Point au détour de la route.

Le maître de la maison était souffrant et même encore retenu au lit par ses rhumatismes. Il voulut bien me voir néanmoins et me fit l’accueil le plus cordial. Je lui remis une branche de buis cueillie la veille dans le Jura, à Prat, un vieux château désert qui avait appartenu à son grand-père ; j’osai même y joindre quelques vers que m’avaient inspirés ces ruines où il avait joué dans sa jeunesse. Il me remercia de cette attention et me parla de ses projets littéraires. Il avait en tête, me dit-il, de faire un poème ou plutôt un roman dans le genre d’Hermann et Dorothée. La cloche du déjeuner interrompit notre entretien, et il me remit aux bons soins et à l’aimable hospitalité de ses deux nièces, Mme de Coppens et Mlle Valentine de Cessia, qui l’entouraient de leurs attentions et de leur tendresse. Trois beaux enfants égayaient la table. C’étaient ceux d’une autre nièce, Mme de Sennevier, dont le mari était consul général à Palerme. Après le déjeuner, Mlle Valentine, accompagnée des enfants, me fit voir les appartements, le cabinet de travail de Lamartine, le joli balcon circulaire dont la balustrade é