Page:Grenier - Souvenirs littéraires, 1894.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tait envahie par une troupe de paons d’une blancheur éclatante ; puis le parc, le bois et le chêne isolé sous lequel il composa Jocelyn, et qui est peut-être celui de sa première Méditation :

Souvent sur la montagne, à l’ombre d’un vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m’assieds, etc.

Notre excursion se termina par une visite à la jolie église byzantine, qui n’est séparée du parc que par le mur du cimetière. Ce mur est percé d’une arcade à jour sous laquelle on a creusé le caveau de la famille, de manière que les tombeaux reposent à la fois dans le cimetière du village et dans le parc du château. La devise du poète est gravée sur l’arcade : Speravit anima mea. La statue de Mme de Lamartine, par Adam Salomon, orne le caveau qui contenait déjà les restes de sa fille adorée. C’est là que doit reposer aussi son père. Et ce sera bientôt, me dis-je tristement à moi-même, en regardant ce terrain funèbre.

Je n’avais que trop raison. Moins de dix-huit mois après, on l’y ramenait à son tour.

À quatre heures, je prenais congé de Saint-Point et de ses hôtes, et je revins à Mâcon par un ciel pur d’automne et le premier croissant de la lune, emportant un triste et doux souvenir et la plus poétique impression de mon court pèlerinage.