Page:Grenier - Souvenirs littéraires, 1894.djvu/46

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examiner ses œuvres une à une et à développer ses opinions politiques dans leur suite, qui est bien plus logique qu’on ne le pense, comme l’a si bien prouvé L. de Ronchaud dans la préface de ses discours. Mais je dois me borner. Je n’ai voulu retracer en ces quelques pages que mes souvenirs personnels, les impressions laissées par ce grand homme dans ma mémoire et dans mon cœur. D’autres ont déjà dit, d’autres diront encore mieux son génie et son influence et la place qu’il a tenue dans notre histoire. Ma tâche est plus facile et plus humble : elle suffit à mes forces.

Je ne voudrais pas quitter cependant cette noble figure sans rassembler encore au hasard quelques traits que je n’ai pas su faire entrer dans cette esquisse rapide. Je voudrais signaler surtout certaines disparates apparentes du caractère de Lamartine, qui ont pu donner le change quelquefois aux étrangers et même à ceux qui ont eu le bonheur de l’approcher. On l’a taxé par exemple de vanité, d’infatuation littéraire ou personnelle. Je dois avouer qu’il y prêtait parfois, mais avec une candeur qui désarmait. Souvent, en me promenant avec lui dans le petit jardin du chalet, je le voyais s’approcher de la grille sous prétexte de voir le mont Valérien ou les cimes du bois de Boulogne ; il ne lui déplaisait pas – et c’était visible – de s’exposer à la curiosité et à l’admiration des promeneurs qui passaient sur le boulevard.