Page:Gresset - Ver-vert ou le voyage du perroquet de Nevers, 1735.djvu/7

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trop qu'un front que l'art déguise,
plaît moins au ciel qu'une aimable franchise.
Si la vertu se montroit aux mortels,
ce ne seroit, ni par l'art des grimaces,
ni sous des traits farouches et cruels,
mais sous votre air, ou sous celui des graces
qu'elle viendroit mériter nos autels.
Dans maint auteur de science profonde,
j'ai lû qu'on perd à trop courir le monde ;
très-rarement en devient-on meilleur :
un sort errant ne conduit qu'à l'erreur.
Il nous vaut mieux vivre au sein de nos lares,
et conserver, paisibles casaniers,
notre vertu dans nos propres foyers,
que parcourir bords lointains et barbares ;
sans quoi le cœur, victime des dangers,
revient chargé des vices étrangers.
L'affreux destin du héros que je chante,
en éternise une preuve touchante :
tous les échos des parloirs de Nevers,
si l'on en doute, attesteront mes vers.
à Nevers donc chez les visitandines,

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vivoit n'aguére un perroquet fameux,
à qui son art et son cœur généreux,
ses vertus même, et ses graces badines,
auroient dû faire un sort moins rigoureux,
si les beaux cœurs étoient toûjours heureux.
Ver-Vert (