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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/111

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moi ; je lui ai demandé, je l’ai suppliée de me sacrifier cette soirée !… Vous comprenez bien qu’elle m’a refusé ?… Je le savais d’avance… Je ne sais même pas si je n’étais pas heureux qu’elle ne cédât pas. J’étais excédé de la vie que je menais, j’étais décidé à partir, à ne la revoir jamais ; mais, je voulais tenter cette dernière épreuve, peut-être que, si elle avait cédé, si j’avais reconnu qu’un jour je pouvais l’émouvoir, je me serais laissé reprendre à cette chaîne qui me pesait pourtant lourdement. — Enfin, complètement désabusé, je partis le lendemain, lui écrivant ce que je n’aurais su lui dire… et je suis sûr qu’elle n’a pas eu une larme ! — Depuis, je n’ai pas été tenté une seule fois de la revoir. En moi-même, je me suis souvent étonné de ne sentir aucune rancune contre elle : rien que l’indifférence la plus complète, et la sensation que cette partie de ma vie s’est reculée excessivement, rejoignant les souvenirs qui s’effacent de mon enfance. — Maintenant que je vous ai dit