Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Muset adressa à un comte de Champagne qui l’avait congédié sans lui offrir le moindre présent :

Sire, cuens j’ai viellé
Devant vos en vostre ostel
Si ne m’avés rien donné
C’est vilanie !
Foi que doit sainte Marie
En si ne vos fièvre — je mie,
M’ausmonière est mal garnie
Et ma borse mal farsie.

Mais il devait y avoir beaucoup d’aléas dans le métier de jongleur, et tous n’étaient pas riches :

Il ot un jugleour à Sens
Oui moult est de povre rivière,
N’avoit pas souvent robe entière,
Mes moult souvent en la chemise
Estoit au vent et à la bise[1].

Le dit de la Maaille, pièce de vers du xiiie siècle, contient le récit d’un ménestrier populaire qui fait l’éloge de cette monnaie[2], et avoue qu’il en reçoit beaucoup plus que de deniers, de sous et de livres :

Si je ne menjoie de lart
De char de vache ne de buet
Devant que aucuns X ou IX
M’eust doné por mon chanter,
Je me pourroie bien vanter
Jamais de char ne manjeroie
Quar certes je ne troveroie
Qui tel présent me voustit fère.
Tant s’eusse bien d’arçon trère.
Si me convient le petit prendre
Quar je ne puis la grand atendre

  1. De Barbazan. Contes et Fabliaux, Paris, 1756, t. II. p. 184.
  2. La maille était une petite monnaie de cuivre qui valait la moitié d’un denier.