Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/157

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un instrument qui se joue avec les mains. » Par ces derniers mots : « avec, les mains », il veut sans doute dire qu’on ne se servait pas du plectre.

En parlant du psaltérion, le même auteur écrit encore ceci dans son ouvrage sur les psaumes allemands : « Les musiciens et les joueurs ambulants l’ont adapté à leur métier, en lui donnant une forme plus commode, en y ajoutant plusieurs cordes, et en changeant cet attribut triangulaire, emblème de la trinité. »

Kastner cite des passages de deux manuscrits se rapportant à une rote pincée[1], et dit :

« Le nom de rote s’est appliqué tour à tour, et parfois concurremment, à deux instruments à cordes de nature différente, dont l’un était l’auxiliaire de la vielle ou viole, l’autre celui de la harpe ou du psaltérion[2]. »

Fétis n’est pas du même avis, et comme il ne peut tolérer que l’on ait une autre opinion que la sienne, il fulmine contre Bottée de Toulmont, Coussemaker et Kastner, auxquels il adresse des aménités de ce genre : « L’érudition de Bottée de Toulmont est en défaut. » — « M. Coussemaker, fidèle à son système d’emprunt, sans citer ceux qu’il copie, n’a pas la prudence conjecturale de son prédécesseur. » — « Je ne puis admettre non plus l’opinion de l’érudit M, Georges Kastner, que le nom de rote s’appliquait à deux instruments de nature différente, dont un aurait été joué avec l’archet, et l’autre en pinçant les cordes. Je ne connais pas un seul texte qui justifie cette conjecture[3]. »

Il appuie ses affirmations sur deux textes où il est incontestablement question d’une rote pincée.

Le premier est un passage du commentaire de Notker

  1. Le premier de ces manuscrits date du xiiie siècle, il contenait le traité d’Alain de l’Isle (De plantû naturæ), et appartenait à M. de Reiffenberg, à l’époque où Kastner écrivait. Le deuxième est un manuscrit de Munich, qui a été cité par Schmeller.
  2. Ouvrage déjà cité.
  3. Antoine Stradivari, p. 29 et 30.