Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/161

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contre le genou gauche, et soutenue par la jambe droite de l’artiste. On y compte trois cordes attachées à un cordier et passant sur un chevalet. Tous les détails, y compris le sillet de la touche, sont exécutés avec beaucoup de soin. Le corps de l’instrument se prolonge de chaque côté et sur une partie du manche, ce qui se voit assez souvent sur les instruments à archet allemand de cette époque.
rote
Bas-relief en marbre de la fin du xiie siècle (musée de Cologne).
Cette forme du haut de la caisse a été adoptée pour les violes, et l’est encore assez souvent pour la contrebasse actuelle. Le bras droit du musicien, ainsi que les doigts de sa main gauche, sont brisés. Il ne reste qu’une petite partie de l’archet, celle qui était adhérente à la table.

Une autre rote, plus allongée, se voyait sur un vitrail de la chapelle de la Vierge ou chapelle d’Hervée[1], de la cathédrale de Troyes. Cette verrière, qui datait des premières années du xiiie siècle, représentait un arbre de Jessé, détruit ou dispersé aujourd’hui.

Jouée par un roi David, qui la tient comme l’ancien crouth, appuyée sur sa cuisse gauche, cette rote est très élancée, et peut, à cause de l’élégance de ses formes, être considérée comme un type de cette époque. Montée de quatre cordes, fixées à un attache-cordes, dans le genre de ceux des guitares, car il n’y a pas de cordier, elle a quatre ouïes, dont deux sont percées en dessous des larges échancrures

  1. Cette chapelle est ainsi désignée, parce que c’est l’évêque de ce nom qui l’a fait bâtir en 1223.