Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/186

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habituelles ; mais le peintre verrier a mis, par étourderie sans doute, le chevalet entre l’archet et la touche ;
Geige ou rebec allemand
(xvie siècle).
de sorte que l’action des doigts sur les cordes y serait tout à fait nulle.

L’emploi vulgaire du rebec l’a fait considérer comme un violon rustique, un mauvais violon. Roquefort le définit en ces termes : « Rubèbe, Rebelle, Rebec, sorte de violon bâtard, de violon champêtre, qui rendoit un son aigre[1]. » C’est sans doute d’après cette tradition que les auteurs modernes en ont fait l’instrument de prédilection des musiciens du Moyen Âge qu’ils font figurer dans leurs écrits. Cependant, ce n’est pas au rebec que Rabelais applique l’épithète de rustique, mais à la cornemuse : « Plus me plaist, dit-il, le son de la rusticque cornemuse que les fredonnements de luts, rebecs et violons anticques. »

Régnier fait allusion à la mauvaise qualité du son du rebec dans ses satires :

Bref vos paroles non pareilles
Résonant, doux à nos oreilles
Comme les cordes d’un rebec.

On appelait les joueurs de rebec, rebecqueux et rebecqueuse :

« En 1568, une femme nommée « Philippe la Rebecqueuse » fut fustigée par les rues de Nancy et marquée sur les épaules[2] ».

En Allemagne, au xvie siècle, le rebec se confondait

  1. Roquefort, État de la poésie, etc., p. 108.
  2. Jacqot, La musique en Lorraine.