Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/187

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encore avec les autres instruments à archet, auxquels on donnait indifféremment le nom de geige, qui équivalait à notre vieux mot vièle.

Nous reproduisons, d’après Prætorius[1], le dessin d’un klein Geige ohne Bünde (viole sans cases sur la touche), qui n’est autre qu’un rebec. Le chevalet porte sur la table dans laquelle sont percées les deux ouïes. Comme sur le rebec du tableau de Gérard David, la touche se prolonge au-dessus de la table et adhère aux côtés de la caisse.

Agricola prend le soin d’expliquer l’absence des divisions de la touche sur ces instruments : « Écoute encore, dit-il, ce que je vais te dire : Comme elles (ces gigues) sont faites sans cases (ohne Bünde), on trouve plus de difficulté pour y appliquer les doigts et les conduire juste sur les cordes ; mais il n’y a rien sur la terre d’assez difficile pour qu’on n’en vienne pas à bout avec de l’assiduité[2]. » Il nous apprend encore que cette sorte de geige était très usitée en Pologne, qu’il y en avait de plusieurs tailles et qu’on les accordait par quintes, de la façon suivante :

La transformation des vièles en violes avait déjà porté un rude coup au pauvre rebec, mais lorsque le violon parut, ce fut bien pis ; chassé, traqué par les musiciens de haute marque, il tomba en discrédit et devint l’apanage exclusif

  1. Syntagma musici, etc.
  2. Hör weiter was ich dir sag :
    Die weil sie ohne Bünde gemacht.
    Wird es schwerer geacht
    Die Finger drauff zu appliciren
    Und zwischen den saiten recht zu fürn
    Doch ist nichts so schwer auff Erden
    Es kan durch Vleiss erlangt werden.

    (Musica instrumentalis…)