Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Trompes, buisines et trompettes,
Gingues, rotes, harpes, chevrettes,
Cornemuses et chalemelles,
Muses d’Aussay riches et belles,
Eles, frestiaux et monocorde
Qui à tous instrumens s’accorde ;
Muse de blef qu’on prend en terre
Trepie, l’eschaqueil d’Angleterre,
Chifonie, flaïos de saus ;
El si avoit plusieurs corsaus
D’armes, d’amour de sa gent
Qui estoient courtois et gent.
Mais tous les cloches sonnoient
Que si très grant noise menoient
Que c’estoient un grant merveille,
Le roi de ce moult se merveille,
Et dist qu’oncques mais en sa vie
Ne vistl si très grant mélodie.

L’auteur donne ici une bien plus longue énumération des instruments de musique de son époque que dans Li temps pastour, et l’on peut voir que certains d’entre eux ne sont pas orthographiés de la même manière dans ses deux poèmes.

II

La gigue dérivait aussi de la lyra. Sa caisse, à fond bombé, sans éclisses et sans échancrures sur les côtes, se prolongeait en diminuant insensiblement, de façon à tenir facilement dans la main, jusqu’au cheviller, qui, le plus souvent, décrivait une courbe gracieuse en revenant sur lui-même, et dont l’extrémité était parfois ornée d’une tête sculptée. Percée de deux ouïes, la table, tout à fait plate, était surmontée, du côté du cheviller, par une touche aussi large qu’elle, et qui devenait une sorte de double table, car on y pratiquait aussi des ouvertures sous forme de rosace ou de losange ; de