Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/198

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sorte que, sur cette partie de l’instrument, un second corps sonore était disposé au-dessus du premier. Étroite et effilée, sa largeur, beaucoup moindre que celle du rebec, la différenciait de celui-ci ;
gigue à quatre cordes
D’après Cima da Conegliano
(1480-1520).
mais son diapason devait aussi offrir des dissemblances qui empêchaient de les confondre. Instrument chantant par excellence, elle était plutôt propre à faire entendre des mélodies, des airs vifs et sautillants que des accompagnements et il est bien certain qu’Aymeric de Peyrac faisait allusion à la gigue et la confondait avec le rebec, à cause de sa forme, lorsqu’il écrivait que celui-ci rendait des sons imitant les voix de femmes.

En France, en Angleterre et en Allemagne, elle était généralement montée de trois cordes ; mais en Italie, où elle fut également très répandue, les vieux maîtres des différentes écoles de peinture, qui nous en ont laissé de ravissants modèles, la représentent presque toujours avec un plus grand nombre de cordes ; ce qui ferait supposer qu’elle y avait un caractère plus relevé, qu’elle y était un instrument plus artistique que dans les autres contrées.

L’exemple que nous donnons, emprunté à un tableau de Cima da Conegliano (1480-1520), nous montre un ange jouant d’une gigue où l’on remarque tous les détails de construction que nous venons de décrire. Montée de quatre