Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/30

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pas avec des hypothèses, nous ferons commencer cette étude des ancêtres du violon et du violoncelle en partant du crouth et de la lyra.

IV

L’archet, qui donne la vie à la corde en la faisant vibrer, ne constitue pas le violon à lui seul ; il remplit à peu près le même office sur les instruments à cordes, que l’embouchure et le bec sur les instruments à souffle humain. Dans ceux-ci, les proportions de la colonne d’air décident du volume et du timbre qu’aura le son, et il ne suffit pas de les jouer avec une embouchure ou un bec, pour qu’ils aient le caractère de la trompette ou de la clarinette. De même pour les instruments à cordes, qui ne sont pas des violons par le seul fait d’être joués avec un archet, la quantité et la qualité du son dépendent tout à la fois de la dimension et de la forme de la caisse de résonance, ou de renforcement, qui sert à augmenter les vibrations des cordes.

De tout temps, la caisse avec un fond plat a été reconnue plus avantageuse au point de vue de la sonorité que celle à fond bombé. Cette forme, généralement adoptée pour les instruments à archet de tendance artistique au Moyen Age et pendant la Renaissance, est aussi celle du violon. On la retrouve déjà dans le crouth, fait d’une table et d’un fond reliés par des éclisses ou lames de bois circulaires et possédant un manche, isolé, au milieu et dans le haut de la caisse, par deux ouvertures pour le passage des doigts ; tandis que la lyra était à fond bombé, dans le genre de la mandoline, et n’avait pas de manche, son corps sonore allant en s’amincissant jusqu’au cheviller.