Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/31

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Le violon, qui, de même que le crouth, est formé d’une caisse de résonance plate, composée de deux tables réunies par des éclisses, à l’extrémité de laquelle se trouve un manche, descend donc de celui-ci et non de la lyra ; car le croulh contenait tous les principes de construction du violon et la lyra n’en possédait aucun.

Mais l’archet est-il la première application du frottement de la corde ? S’en est-on servi avant ou après la roue ? Cette question d’un si haut intérêt n’a pas encore été posée, mais elle mérite de l’être, quoiqu’il soit impossible de la résoudre à l’heure actuelle, faute de documents.

Le manuscrit de saint Blaise, publié par Gerbert[1] qui renfermait la figure de la lyra, contenait aussi le dessin de l’organistrum, qui était bien un instrument diaphonique dans toute l’acception du mot.

Ayant la forme d’une grande guitare, il était monté de trois cordes passant sur un chevalet et mises en vibration par le frottement d’une roue que l’on faisait tourner à l’aide d’une manivelle. Son manche consistait en une petite caisse renfermant huit sillets mobiles que l’on pouvait relever ou baisser à volonté, de façon à venir presser les trois cordes en dessous et, par suite, raccourcir ou allonger la partie vibrante de ces cordes, que l’on accordait à la quinte et à l’octave.

L’organistrum produisait donc trois sons à la fois et l’on pouvait les soutenir indéfiniment.

Il fut très répandu et usité pendant longtemps, car on en trouve des représentations aux xii et xiiie siècles, en France, en Espagne et en Allemagne, où il est toujours joué par deux

  1. De cantû et musica sacrà.