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On disait crwt en Armorique ; cruit, crwth, crudh, crowd dans la Grande-Bretagne[1].

II

Ce sont les prêtres du paganisme qui fondèrent les premières associations d’artistes. La Grèce vit éclore plusieurs de ces confréries, qui se livraient, dans l’intérêt du culte, à différents travaux d’ornementation, de peinture, de sculpture, de ciselure et de musique, ajoutant même à ces fonctions celles de composer des hymnes et de cultiver la danse pour former des chœurs autour des autels.

Chez les Germains, les Gaulois et les Bretons, l’institution des bardes, laquelle réunissait les chanteurs et les musiciens de la nation, était comme une branche de l’ordre des Druides.

L’association des bardes avait une hiérarchie et se divisait en trois classes : les bardes aspirants, les simples bardes et les bardes en chef. Les bardes aspirants étaient les disciples de ces derniers. « Ils formaient, dit Hersart de la Villemarqué, diverses catégories et subissaient, durant plusieurs années, divers stages ou épreuves devant un chef des bardes, qui, d’après leur plus ou moins de génie poétique, les admettait dans l’ordre ou les repoussait. Les aspirants ayant part aux largesses des chefs, et recevant des rétributions en argent lorsqu’ils chantaient dans les banquets ou assistaient aux mariages, devaient au chef des bardes, pour prix de ses leçons, le tiers de leur gain. Toutefois, s’ils quittaient leur instituteur, soit pour manque de capacité et après avoir échoué dans les épreuves, soit pour toute autre cause, ils avaient droit à une harpe ; la loi leur assurait leur gagne-

  1. D’après Fétis, le mot crwth vient du celtique primitif crinsigh, musique, qui tire lui-même son origine du sanscrit Krus, crier, produire des sons puissants.