Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/88

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faite par Coussemaker, était la meilleure. La vièle, petit crouth à manche dégagé, avait conservé à peu près le même nombre de cordes que son devancier. On vient devoir que celles d’Anzy-le-Duc et de Saint-Denis en possédaient cinq ; ce chiffre est aussi celui que lui assigne Elie de Salomon, au xiiie siècle[1].

IV

Jérôme de Moravie[2] donne trois manières différentes d’accorder la vièle[3] ; voici, d’après M. Peine[4], la traduction de ce précieux document :

« La vièle, dit-il, quoiqu’elle monte plus haut que la rubèbe, ne monte plus ou moins que selon les différentes manières dont elle est accordée par diverses personnes, car la vièle peut être accordée de trois manières. Elle a et doit avoir cinq cordes. Dans la première manière, elle s’accorde ainsi : la première corde sonne D (RÉ grave) ([5]) ; la seconde Γ (GAMMA VT, SOL, note ou corde la plus grave de tout le système) ; la troisième, G dans les graves (SOL grave, octave du sol précédent) ; les quatrième et cinquième, toutes deux à l’unisson, donnent le D dans l’aigu (RÉ aigu) ; et alors la vièle peut monter depuis gamma ut (SOL le plus grave) jusqu’à double (LA aigu, quinte de RÉ aigu), de la manière suivante :

« Or, nous disons que la seconde corde donne par elle-

  1. « Sicut vidimus, quod in viellâ non sunt nisi quinquæ chordæ et tamen, secundum diversitatem tactum chordarum, puncti et soni vieillæ possunt multiplicari ultra quinquæ punctos, pro voluntate actoris et cantûs qui regitur in illis instrumentis, velint vel nolint actores. » — De scientiâ artis musicæ (1274), ouvrage dédié au pape Grégoire X et publié par Gerbert dans Scriptores ecclesaistici, t. III. p. 20.
  2. Le dominicain Jérôme de Moravie passa une partie de sa vie dans le couvent de la rue Saint-Jacques, à Paris.
  3. Speculum musicæ, chap. xxviii
  4. Revue musicale, t. II. Celle traduction a été reproduite par Coussernaker.
  5. Ce qui est entre parenthèses dans la traduction n’existe pas dans le texte primitif.