Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/90

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Mais le passage de la deuxième corde à la première, puis de celle-ci à la troisième, devait être très incommode pour l’archet qui touchait sans doute bien souvent la deuxième corde, soit à l’aller ou au retour. Il semblerait plus logique d’admettre, que, les deuxième et troisième cordes s’employaient simultanément et formaient à elles deux une corde double accordée à l’octave ? Cependant, Jérôme de Moravie indique séparément le doigté de chacune d’elles, tandis qu’il donne en même temps celui des quatrième et cinquième, qui sont accordées à l’unisson. Peut-être a-t-il voulu désigner, par là, que la seconde et la troisième étaient bien des cordes simples ?

Nous pensons que, si Jérôme de Moravie parle de la seconde corde avant la première, quand il décrit les sons obtenus avec l’application des doigts, c’est parce qu’il a voulu commencer sa démonstration par la note la plus grave de l’instrument, et qu’il a préféré intervertir l’ordre des cordes, plutôt que de présenter une suite de sons ne se succédant pas logiquement de bas en haut. C’est même ce qui nous donne la certitude que la première corde devait sonner :

et non pas l’octave inférieure : ,


qui serait du reste trop grave pour être obtenue, la vièle n’étant pas d’assez grandes dimensions pour cela.

Il est bon de faire remarquer aussi que lorsque Perne fait suivre le nom des notes par les expressions « grave » ou « aigu », il doit interpréter fidèlement la pensée de Jérôme de Moravie, et établir de cette façon une comparaison avec les voix d’hommes que la vièle était appelée à accompagner. Or, depuis que, pour la facilité de l’écriture, et surtout pour la grande commodité des chanteurs, on emploie la clef de sol deuxième ligne, au lieu de la clef d’ut quatrième, pour les parties de ténors, ces voix sont écrites une octave au-dessus de leur diapason réel ; aussi