Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/96

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son temps avaient commis d’autres altérations que celle-là il les aurait également données, car le mot laïcs lui sert bien certainement à désigner les trouvères et les ménestrels, et ce sont également leurs compositions qu’il nomme chants irréguliers.

Nous pensons que par cette dernière dénomination l’auteur a voulu désigner, non seulement les chants qui ne se tenaient pas toujours sévèrement dans les limites des tons ecclésiastiques, ceux dans lesquels on employait des notes de passage, des ornements ou fioritures qu’il indique sous les noms de plica, flos et reverberatio ; mais aussi les chants qui avaient une plus grande étendue que les anciens plains-chants, et qui, pour cette raison, devaient utiliser une grande partie des ressources qu’offrait la vièle, accordée de la seconde manière, laquelle, ainsi qu’il le laisse entendre semble avoir été réglée tout exprès pour ces chants.

V

Les trois accords différents de la vièle n’étaient pas seulement disposés en vue de jouer des mélodies ; mais encore et principalement pour exécuter : « ce qui dans l’art est le plus difficile, le plus solennel et le plus beau », c’est-à-dire des consonances : la quarte, la quinte, l’octave et leurs redoublements[1].

  1. C’est de là que sont venus les termes discant, déchant, double chant, triple, quadruple, médius, et les verbes quarter ou quartoyer, quintoyer, etc.

     

    Diex, ne sa mère nul délit,
    N’ont en la bouche s’elle organe,
    Ne qu’en un asne s’il requane,
    En l’orguener ou wesbloier,
    Ou deschanter ou quintoier.

    . . . . . . . . . . .


    En la voiz haute, en la voiz clère
    Force ne fait Diex, ne sa mère,
    Tiex chante bas et rudement,
    Qu’escoute Diex plus doucement,
    Ne fait celui qui se cointoie
    Quant organe ou haut quintoie
    La clère voiz plaisant et bele.

    (Miracles de la Vierge. Gautier de Coissi.)