Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T2.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entre autres l’Arte di nuova modulazione et le Labyrinthe.

Baptiste Anet, dit Baptiste le fils, le plus célèbre de la dynastie des Anet, celui dont parle Titon du Tillet. Tout jeune et déjà habile sur le violon, il se rendit à Rome pour demander des leçons à Corelli, auprès duquel il passa plusieurs années.

La date de sa naissance n’est pas connue, mais on sait que son père, Jean-Baptiste Anet, épousa Mlle Jeanne Vincent, la fille d’un tapissier, le 21 août 1673 ; et que son grand-père, Claude Anet, joueur d’instruments, le premier du nom, assistait à ce mariage. Jean-Baptiste Anet, que l’on désigne toujours sous le nom de Baptiste le père, fut un des bons élèves de Lully ; il fit partie de la Musique de Monseigneur le duc d’Orléans, et passa, en 1699, dans les violons de la Chambre de Louis XIV.

À son retour en France, vers 1710, Baptiste le fils fut présenté à la Cour et joua une des plus belles sonates de Corelli devant le roi. Elle n’eut pas le don de plaire à Sa Majesté, qui fit appeler un des violons de sa Bande, auquel il demanda de lui jouer un air de Cadmus. Louis XIV, absolument ravi par ce morceau, s’écria : « Que voulez-vous, messieurs, voilà mon goût à moi, voilà mon goût ! » Désespéré d’un pareil accueil, le pauvre Baptiste quitta la France pendant plusieurs années. Il revint à Paris, vers 1720, et se fit entendre avec beaucoup de succès au Concert spirituel fondé en 1725. Il quitta de nouveau Paris, vers 1740, et se rendit en Pologne, où il mourut quelques années après. Baptiste a fait paraître trois œuvres de sonates, qui n’ont rien de bien remarquable.

XI

On pourrait croire que l’influence de Corelli se fit immédiatement sentir, et que l’art du violon se transforma du jour au lendemain ; mais il n’en fut rien et, si de rares pri-