Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T2.djvu/134

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parallèle à la touche et qui se voit de chaque côté. Son vernis, assez varié de nuance, est toujours d’une pâte fine et transparente et rivalise le plus souvent avec celui de Stradivari.

La légende s’est emparée de cet homme, sur lequel on ne sait pas grand’chose. Les uns en ont fait un paresseux, un débauché, un ivrogne. D’autres prétendent qu’il fit de la prison, sans faire connaître toutefois pour quel méfait. On a même donné les noms de violon de prison, ou violon de la servante, à certains de ceux qui lui sont attribués, et cela, parce que la fille du geôlier lui aurait apporté, paraît-il, les fournitures nécessaires à leur confection, et se serait chargée ensuite de les vendre à n’importe quel prix, afin de lui procurer les moyens d’adoucir sa captivité. L’histoire est au moins piquante, si elle n’est vraie, et, ces violons étant datés de Crémone, il serait peut-être possible d’arriver à savoir quelque chose sur leur origine en consultant le livre d’écrou de la prison de cette ville.

On ne connaît pas exactement la date de la mort de Giuseppe Guarneri del Gesù ; quelques-uns estiment qu’elle arriva vers 1755. Cet artiste au style hardi et original n’a pas formé d’élèves.

La lutherie italienne, qui avait mis deux siècles pour arriver à son apogée, ne tarda pas à dégénérer un peu après la mort de Stradivari ; depuis 1760 environ, elle est en pleine décadence. Heureusement que cet art charmant a retrouvé de remarquables représentants en France : Pierray, Bocquay, Fleury, Fent, Pique, Lupot, etc., etc., pour ne citer que quelques-uns du siècle dernier, qui se sont tous inspirés d’Amati, de Stradivari, de Guarneri, et quelquefois de Maggini, ont laissé des instruments excellents, qui sont appelés à remplacer ceux des vieux maîtres italiens.