Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T2.djvu/137

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Quantz[1], qui passa huit mois à Paris, d’août 1726 à mars 1727, parle avec éloge, dans ses mémoires, du Concert spirituel et des violonistes Guignon et Baptiste Anet ; il dit aussi beaucoup de bien des flûtistes Blavet, Lucas, Braun et Naudot, ainsi que des violistes Roland Marais et Forqueray. Son opinion a d’autant plus de valeur qu’il venait de parcourir l’Italie, et par conséquent d’y entendre d’excellents chanteurs et instrumentistes.

Jean-Marie Leclair débuta brillamment au Concert spirituel pendant la quinzaine de Pâques 1728[2]. Né à Lyon en 1697, Leclair, qui avait appris le violon dans sa jeunesse, fut d’abord danseur au théâtre de Rouen, puis maître de ballet à Turin. C’est alors qu’il composa quelques airs de danse que l’on trouva charmants, et qu’il abandonna les entrechats et les ailes de pigeon pour se livrer sérieusement à l’étude du violon, sous la direction de Somis, un des meilleurs élèves de Corelli. C’est Leclair qui, un des premiers après Westhoff, fit usage de la double corde : ses œuvres, encore très estimées aujourd’hui, sont remarquables pour l’époque. Ce maître mourut assassiné, le 11 octobre 1764, en rentrant chez lui, rue Martel. On ne découvrit jamais le coupable, ni les causes du crime.

On entendit le violoniste italien Giovanni Madonis le 1er mai 1729. Giambattista Somis, le maître de Leclair, ne vint qu’en 1733 :

« Le sieur Somis, fameux joueur de violon du roi de Sardaigne, a exécuté différentes sonates et des concertos dans la dernière perfection et a été très applaudi par de nombreuses assemblées que la justesse et la brillante exécution de ce grand maître y avaient attirées[3]. »

La fille de Jean-Baptiste Somis, Maria-Christina, l’une

  1. Quantz était un flûtiste et un compositeur de grande valeur. Il fut le maître du grand Frédéric et écrivit de nombreux solos de flûte pour son royal élève.
  2. Mercure de France, avril et mai 1728, p. 856 et 1061.
  3. Mercure de France, avril 1733, p. 816.