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la force de M. Viotti. Il surprit dans le premier morceau de son concerto par la facilité incroyable et la netteté avec laquelle il exécuta les plus grandes difficultés : il entraîna tous les suffrages par le fini avec lequel il joua l’adagio : ce fut dans ce morceau qu’on sentit vraiment combien le talent de cet artiste était précieux[1]. »

Son succès fut si grand qu’à la suite de cette première audition il dut se faire entendre dans douze concerts successifs. Parlant de celui du 19 mai, le même journal dit encore :

« On a toujours prodigué les applaudissements les plus vifs à M. Viotti. Nous n’avons parlé jusqu’ici que de son exécution, mais nous croirions ne pas rendre toute la justice qui est due à ses talents, si nous ne donnions de justes éloges à ses ouvrages. Ses concertos sont tous brillants, d’une harmonie très pure et d’un chant très agréable ; il serait à souhaiter que nos jeunes virtuoses les prissent pour modèle, ils se feraient écouter avec plus d’intérêt[2]. »

Les vœux du gazetier ont été exaucés à souhait, car depuis cette époque, les concertos de Viotti servent de base à l’enseignement du violon dans les Conservatoires du monde entier.

Né à Fontanetto, dans le Piémont, en 1753, Viotti était le fils d’un maréchal ferrant, jouant du cor, et un peu ménétrier. C’est sur un petit violon acheté à la foire de Crescentino qu’il commença à s’exercer, à huit ans. L’évêque de Slrambino, Francesco Rora, depuis archevêque de Turin, l’ayant remarqué, l’adressa à la marquise de Voghera, qui le prit dans son palais, à Turin, pour compagnon de son fils, Alphonse del Pozzo, prince de la Cisterna. Pugnani devint son maître et en fit le merveilleux violoniste que l’on sait.

  1. Le Journal de Paris, 23 mars 1782.
  2. Id., 21 mai 1782.