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En 1780, Pugnani et Viotti quittèrent Turin, et parcoururent ensemble l’Allemagne, la Pologne, la Russie, l’Angleterre et la France, où ils arrivèrent à la fin de l’année 1781. Partout Viotti excita le même enthousiasme qu’à Paris.

Il rejoua au Concert spirituel pendant la semaine de Pâques de 1783 ; mais trouvant qu’à une séance où la salle était presque vide on ne lui avait pas fait tout le succès qu’il méritait, il prit la résolution de ne plus se faire entendre à Paris dans les concerts, et n’y joua depuis que dans des réunions particulières.

La reine Marie-Antoinette lui donna le titre de son accompagnateur avec une pension de six mille francs. En 1784, le prince de Conti lui confia la direction de sa Musique. Léonard, le coiffeur de la reine, ayant obtenu, en 1788, le privilège d’un théâtre d’opéra italien, prit Viotti comme associé. Deux ans plus tard, en 1790, Viotti fonda, avec Feydeau de Bron, le théâtre connu sous le nom de théâtre Feydeau.

La Révolution ruina Viotti, qui se rendit à Londres au mois d’août 1792. Très mal accueilli par les émigrés, qui le crurent, à tort, un agent secret du parti révolutionnaire, il partit pour Hambourg et y séjourna trois ans. Il revint à Londres en 1795 et s’en absenta pendant les quelques mois qu’il passa à Paris en 1802, où, sur la prière de ses nombreux amis et admirateurs, il joua dans la petite salle du Conservatoire. Viotti resta à Londres jusqu’en 1819, époque où il fut nommé directeur de l’Opéra, à Paris. Il quitta de nouveau cette dernière ville, en 1822, pour retourner à Londres, où il mourut le 10 mars 1824, âgé de soixante et onze ans.

Rodolphe Kreutzer (Versailles, 1766-Genève, 1831), qui déjà en 1779, à l’âge de treize ans, s’était fait applaudir dans un concerto de sa composition, ne craignit pas de se faire entendre à côté de Viotti.