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« Maîtres pour la basse de violon. MM. Marchands père et fils et Converset, rue des Pouillies, Boudet, rue Saint-Antoine, Ressiet, rue des Vieux-Augustins, La Rue près Saint-Médéric[1]. »

Et ce n’est pas qu’en France que le violoncelle était répandu. On devait même le pratiquer beaucoup en Allemagne, au commencement du xviie siècle ; car, sur le frontispice du Currus triòmphalis de Rauch, publié en 1618, lequel représente un orchestre avec canons et mousqueterie, on voit, à gauche, un ange jouant du violoncelle[2].

Cet instrument fut surtout utilisé à ses débuts, pour soutenir le chant dans les églises. On sait déjà que plusieurs chanoines violoncellistes furent obligés de prendre un brevet de maître à danser, afin d’avoir le droit d’accompagner le plain-chant. Parfois un trou était percé au milieu de la table de fond, pour permettre au joueur de suivre les processions en suspendant l’instrument à sa ceinture.

Les violoncelles destinés aux maîtrises étaient, en général, d’un plus grand patron que celui adopté depuis. Ils sont connus dans le commerce de la lutherie sous le nom de « basses ». Nicolo Amati en fit plusieurs pour l’église abbatiale de Cluny. M. Dupuis, habile violoncelliste à Chalon-sur-Saône, possède un de ceux-ci, daté de 1638. La caisse de ce magnifique instrument mesure 0m,80 centimètres de longueur, au lieu de 0m,76, grand patron de Stradivari ; son cheviller est orné d’une tête de sirène dorée, et les armes des abbés de Cluny sont incrustées en argent sur le cordier. Stradivari a fait aussi plusieurs basses de ce format ; celle que jouait de préférence le grand Servais est de ce nombre.

Puisque nous parlons des diverses grandeurs qui furent données à la basse de violon, il est bon de faire remarquer

  1. L’État de la France, 1692, p. 210.
  2. M. A. Soubies a reproduit ce frontispice dans son Histoire de la musique allemande, p. 69.