Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T2.djvu/160

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Le mot « cello », seul, n’existe pas en italien. C’est une désinence qui s’ajoute aux mots pour exprimer un diminutif. On sait, par ce qui précède, que notre violon s’appelle en italien « violino ». Le mot « violone », composé de « viola » et de la désinence augmentative « one », signifie la contrebasse ou « basso di viola ». « Violoncello » indique donc une viole de moyenne grandeur, entre la contrebasse ou « violone » et le « violino » ou petite viole.

Nous ne parlerions pas de la légende absurde, mise en circulation par Laborde, dans son Essai sur la musique, qui attribue l’invention du violoncelle au Père Tardieu, de Tarascon, dans les premières années du xviiie siècle, si on ne la reproduisait de temps en temps sur des programmes de concerts.

Comment admettre qu’Andréa Amati fit un violoncelle, en 1572, pour le roi de France Charles IX, et que le Père Tardieu imagina cet instrument vers 1710 ou 1720, c’est-à-dire cent cinquante ans plus tard ?

Non seulement tous les luthiers italiens des xvie et xviie siècles : Andréa Amati, Gasparo da Salò, Maggini, Antonio, Girolamo et Nicolo-Amati, Stradivari, etc., construisirent des violoncelles en même temps que des violons, mais on a vu dans la liste des violons du roi, donnée plus haut, que : Prosper Charlot, Jean-Baptiste la Fontaine et Joseph Marchand étaient basses de violon à la Chapelle, depuis 1661, 1683 et 1695[1]. De plus, les passages suivants du Livre commode des années 1691 et 1692, montrent qu’à cette époque la basse de violon était déjà très cultivée à Paris.

« MM. Marchands (sic), rue des Pouillies, Converset, rue Betizy, Gillet, place du Palais-Royal, et Boudet, rue Saint-Antoine devant la vieille rue du Temple, sont encore d’habiles Maîtres pour la basse de violon[2]. »

  1. L’État de la France, 1702, p. 18.
  2. Les adresses de la ville de Paris avec le trésor des almanachs, livre commode, etc., 1691, p. 48.