Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T2.djvu/408

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ner les chordes, comme l’on expérimente aux vielles, dont je parlerai après[1] ».

On voit que Mersenne dit à peine quelques mots de la hausse. C’est incontestablement parce que celle-ci, absolument adhérente à la baguette, n’offrait aucune particularité ; dans le cas contraire il n’eût pas manqué de nous l’apprendre.

Un premier perfectionnement fut apporté à l’archet très peu d’années après la publication de l’important ouvrage du P. Mersenne, c’est-à-dire vers 1650. La hausse y devint mobile au moyen d’une crémaillère, laquelle était faite le plus souvent avec une bande de métal fixée sur la baguette, en regard de la hausse, et divisée en un certain nombre de dents. Une bride, en fil de fer ou en laiton, attachée à la hausse, permettait d’accrocher cette dernière à n’importe quel cran, et par suite, de tendre ou de détendre la mèche au gré de l’exécutant.

Ce système, quoique grossier, rendait de réels services ; mais il mettait l’instrumentiste dans l’obligation de tenir l’archet à une certaine distance de la crémaillère ; s’il avait négligé de prendre cette précaution, il se serait sûrement écorché les doigts. Corelli n’eut pas d’autre archet[2].

C’est par erreur sans doute que l’on attribue la suppression de la crémaillère et son remplacement par la vis à écrou à Tourte (le père du célèbre François Tourte), lequel fabriqua des archets à Paris, depuis 1740 environ, car le bouton de cette vis se distingue parfaitement à l’extrémité de l’archet qui figure sur le portrait de Marin Marais, que nous avons reproduit dans le tome premier, page 221. Or, le peintre nous montre un homme d’une cinquantaine d’années environ, et le célèbre violiste en avait soixante-douze lorsqu’il mourut le 15 août 1728. Tout porte donc à

  1. Mersenne. Harmonie universelle, p. 178-179.
  2. Plusieurs archets à crémaillère sont conservés au musée du Conservatoire de musique, à Paris, notamment les nos 148 et 183. Catal., 1884.