On voit, par ce qui précède, que Bocan employait déjà le « vibrato » des doigts de la main gauche, comme moyen d’expression[1].
L’ancienne estampe, que nous reproduisons p. 33, montre que tous les joueurs de violon n’étaient pas appelés, comme Bocan, à faire danser une Éminence,
C’est sans doute à ceux de cet acabit, que Tabarin fait allusion, dans la scène qui suit :
« Tab. — Voilà mal enfourné, mon maistre, pour le premier coup. Peut-estre que votre père estoit de Marseille, puisque vous déplorez tant les galériens ; pour mon regard, ceux que je trouve faire la pire fortune, ce sont les joueurs de violon, de luth et d’espinette.
« Le M. — Comment, Tabarin ! Y a-t-il quelques-uns au monde qui vivent avec plus de contentement qu’eux ? Ils sont continuellement en danses et en banquets.
« Tab. — Ils sont d’une condition si misérable, que toutes leurs commoditez, leurs biens, leurs richesses et leur vie mesme, ne despend que du bois et de la corde. N’est-ce point estre infortuné ? Ceux qu’on meine à la Grève n’en ont point davantage[2]. »
Les mendiants s’étaient aussi emparés du violon, et sans
- ↑ On a, au xviie siècle, dansé la bocane :
Lolive
Vous Voulez peut-être une danse grave et sérieuse ?
M. GrichardOui, sérieuse, s’il en est, mais bien sérieuse.
LoliveEh bien la courante, la bocane, la sarabande ?
(Le Grondeur, comédie de Brueis et Palaprat
représentée en 1691. Acte II. scène XVII.) - ↑ les œuvres de Tabarin avec les adventures du capitaine Rodomont, la farce des bossus, etc., nouvelle édition avec préface et notes par Georges d’Harmonville, 1622, Paris, Adolphe Delahays, 1858, p. 93.