Page:Grimarest La Vie de Molière (1705).djvu/138

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raison, à faire vivre, et à conduire ; un théâtre à soutenir ; et des ouvrages à faire pour ménager votre réputation, vous n’auriez pas envie de rire, sur ma parole; et vous n’auriez point tant d’atention à votre bel esprit, et à vos bons mots, qui ne laissent pas de vous faire bien des ennemis, croyez moi. — Mon pauvre Molière, répondit Chapelle, tous ces ennemis seront mes amis dès que je voudrai les estimer, parce que je suis d’humeur, et en état de ne les point craindre. Et si j’avois des ouvrages à faire, j’y travaillerois avec tranquilité, et peut-être seroient-ils moins remplis que les vôtres de choses basses et triviales ; car vous avez beau faire, vous ne sauriez quiter le goût de la farce. — Si je travaillois pour l’honneur, répondit Molière, mes ouvrages seroient tournez tout autrement : mais il faut que je parle à une foule de peuple, et à peu de gens d’esprit pour soutenir ma Troupe ; ces gens-la ne s’accomoderoient nullement de votre élévation dans le stile,