Page:Grimarest La Vie de Molière (1705).djvu/148

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d’offencer personne, il ne pouvoit résister au plaisir de dire sa pensée, et de faire valoir un bon mot au dépens de ses amis. Un jour qu’il dinoit en nombreuse compagnie avec Mr le Marquis de M***, dont le Page, pour tout domestique, servoit à boire, il souffroit de n’en point avoir aussi souvent que l’on avoit acoutumé de lui en donner ailleurs ; la patience lui échappa à la fin. « Eh ! je vous prie, Marquis, dit-il à Mr de M***, donnez-nous la monnoie de votre Page. »

Chapelle se seroit fait un scrupule de refuser une partie de plaisir, il se livroit au premier venu sur cet article-là. Il ne falloit pas être son ami pour l’engager dans ces repas qui percent jusques à l’extrémité de la nuit : il suffisoit de le connoître légèrement. Molière étoit désolé d’avoir un ami si agréable et si honnête homme, attaqué de ce deffaut ; il lui en fesoit souvent des reproches, et Mr de Chapelle lui prometoit toujours mer-