Page:Grimarest La Vie de Molière (1705).djvu/225

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relève le sentiment que j'exprime. La langue Françoise est aujourd'hui de tous les Pays, de toutes les Cours étrangères ; et l’on ne sauroit se donner trop de soins pour la perfectionner ; de manière qu’elle soit toujours préférée, comme la plus propre pour s’exprimer naturellement. En Allemagne, en Dannemarc, en Suède, en Pologne, le commerce d’amitié, de politesse, de galanterie, d’affaires même, s’entretient en notre langue. Les Princes se font un plaisir de parler François ; leurs Ministres, Envoyés dans de diférentes Cours, ont leur correspondance en François ; c’est une langue universelle. Et il est à notre honte que les Étrangers aient plus d’atention que nous à y trouver des beautez, dont on nous interdit la recherche par des Critiques continuelles dès que quelque Auteur s’écarte un peu du stile commun et populaire. Si cet Auteur n’a un nom, ou une place qui impose silence, aussi tôt une foule d’ignorans s’élève contre lui : leur malignité va si loin, que quand une expression heureuse les choque, parce qu’elle est nouvelle pour eux, quoique receue et employée depuis long tems, ils condamnent tout l’Ouvrage. De sorte que les Auteurs, plus jaloux de la matière, que du stile,