Page:Grimarest La Vie de Molière (1705).djvu/224

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ne pas mettre de la différence entre un Privilège, où le Roi parle définiment et en Maître, et le titre d’un Livre qui n’est déterminé pour personne en particulier.

Je passe à un article qui m’intéresse davantage, c’est mon stile, que l’on ataque d’une grande force. « Je suis un Auteur qui m’emporte ; je hazarde ; tout terme, toute expression m’acommode pour me faire entendre. Suis-je de l’Académie pour écrire si hardiment ? » Si mon Censeur, qui parle de cette sorte contre moi, avoit fait ses lectures avec atention, s’il avoit du commerce, il auroit remarqué que je n’ai rien hazardé. La noblesse et le choix des termes, et des expressions, la netteté, la concision, sont des principes, que je tâche de ne point perdre de vue, comme les moyens les plus assurés d’atacher le Lecteur. À observer trop rigoureusement la pureté de la Grammaire, à s’en tenir aux expressions communes, à préférer toujours le propre au figuré, on rend bien souvent une lecture languissante ; on ne réveille point le Lecteur. J’avoue qu’un long et fréquent usage de la langue me fait quelquefois sortir du chemin batu ; mais il me semble que je le fais avec précaution, et dans les ocasions, où ce que je hazarde