Page:Grimarest La Vie de Molière (1705).djvu/243

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d’admiration, et ceux d’interrogation. Ils ne suffisent pas même pour la lecture.

Un bon Acteur doit scrupuleusement observer la quantité ; mais qu’il évite le chant avec soin. Il doit ménager son haleine ; de manière qu’il ne la reprenne jamais dans un sens interrompu, afin de conserver l’atention du Spectateur. Qu’il la suspende en s’arrêtant à ces termes qui font les transitions et les liaisons, plutôt qu’à la ponctuation qui les précède ; c’est un agrément qui a toujours son effet. C’en est un aussi de ménager à propos des silences dans les grands mouvemens, comme on le fait dans la musique. Le repos à la rime, ou à la césure, si la ponctuation n’y oblige, confond le sens de l’Auteur. Un Acteur ne doit point appuyer sur les termes, mais sur l’expression entière ; et remarquer le mot qui détermine la pensée afin de l’élever un peu plus que les autres. On est désolé d’entendre des Acteurs qui poussent leur voix, comme des possédés, en prononçant, par exemple, un adjectif, et tomber du moins à l’octave en proférant son substantif : au lieu d’entraîner le Spectateur insensiblement, par degrés conjoints, s’il m’est permis de parler ainsi, jusqu’au terme qui doit lui