Page:Grimarest La Vie de Molière (1705).djvu/257

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faux, fesoit tort au jugement de l’Auteur du Dictionnaire. Mais peut-on s’y méprendre Ne dévelope-t-on pas aisément la malignité d’un Auteur aux expressions, à la conduite de l’Ouvrage, aux intérests qui y sont répandus? Ainsi, dût Mr Baile le trouver mauvais, je ne saurois lui passer d’avoir donné du poids à un indigne Ouvrage fait contre la réputation d’un des grands hommes de notre tems.

Comment! dira peut-être mon Censeur, comme vous parlez de Molière, il semble que ce soit un Héros! Que ce Critique lise, je vais Iui fermer la bouche par un trait de la Vie de cet Auteur, qui n’est pas venu jusqu’à moi avant l’impression. Monsieur le Prince deffunt, qui l’envoyoit chercher souvent pour s’entretenir avec lui, en présence des personnes qui me l’ont raporte, lui dit un jour : « Écoutez, Molière, je vous fais venir peut-être trop souvent, je crains de vous distraire de votre travail ; ainsi je ne vous envoierai plus chercher, parce que je sais la complaisance que vous auriez pour moi ; mais je vous prie à toutes vos heures vuides de me venir trouver ; faites- vous annoncer par un Valet-de-Chambre, je quitterai tout pour être avec vous. » Lorsque Molière venoit, le Prince congé-