Page:Griolet - Du mécanisme de la cicatrisation dans les parties molles.djvu/38

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adhésion suppurative par juxtaposition, et qui mériterait seul l’expression de réunion par seconde intention que Galien donnait à toute guérison après suppuration.

Il est malheureusement très difficile d’obtenir ce genre de guérison, alors même que l’affrontement des bords de la plaie serait possible, car la surface bourgeonnante sécrète constamment du pus ; et au moment de la réunion, une certaine quantité de ce liquide se trouve emprisonnée entre les deux surfaces juxtaposées, qui ne se trouvent ainsi en contact qu’en apparence. D’ailleurs, le pus n’est susceptible d’aucune modification pouvant permettre l’adhésion ; c’est une substance organique morte qui agira sur la plaie comme un véritable corps étranger. On pourra, toutefois, obtenir que la sécrétion du pus ne puisse continuer en pressant les deux surfaces l’une contre l’autre, de manière à ce que tous les points soient affrontés en un contact très intime. Mais cette juxtaposition exacte doit être difficile, en général, avec toutes les anfractuosités qu’offrent les plaies. Ce que le chirurgien obtient très difficilement, la nature l’opère. Dans les plaies profondes, dans les abcès vidés surtout, les bourgeons qui se développent sur les côtés se trouvent bientôt en contact, se pressent, se réunissent, et la plaie se trouve ainsi comblée.

Quand la terminaison précédente n’a pu réussir ou qu’on n’a pas essayé de l’obtenir, la plaie guérit par cicatrisation isolée ou cicatrisation proprement dite. La suppuration continue, les bourgeons se développent, s’élèvent, atteignent le niveau du plan cutané, se réunissent entre eux par leurs côtés et s’accumulent en certains points, où ils constituent des mamelons granulés plus ou moins volumineux. Mais à mesure que le bourgeonnement progresse, ces mamelons adhèrent entre eux, les intervalles disparaissent, et, après