Page:Griolet - Du mécanisme de la cicatrisation dans les parties molles.djvu/40

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petite portion du derme avec son réseau de Malpighi est restée intacte au milieu de la plaie, comme on l’observe quelquefois dans les brûlures, où l’agent caustique a pénétré très inégalement dans la profondeur des tissus. Des parcelles du corps papillaire de la peau, avec une couche quelque mince qu’elle soit, pourront être conservées et constituer des points hâtifs de cicatrisation. Un vésicatoire qui ne fait tomber que l’épiderme et les poils se trouve dans ces conditions ; une nouvelle larme épidermique est sécrétée pour remplacer celle qui est tombée. En résumé, s’il n’y a pas un reste de peau dans le milieu de la surface granuleuse, il ne peut y avoir d’îlots cicatriciels, et la régénération de l’épiderme ne se l’ait qu’à partir de la périphérie.

Ainsi formée, cette pellicule épidermique qui recouvre la cicatrice ne porte jamais aucune production pileuse ; elle reste dénudée et offre l’aspect grisâtre de l’épiderme normal. Quelques auteurs ont cru pouvoir avancer que, dans certaines circonstances, la cicatrice pouvait se recouvrir de poils. C’est une erreur profonde, qui serait facilement réfutée par une explication anatomique, et qu’on doit attribuer à une illusion. En effet, dans presque toutes les plaies, le bord cutané se replie sur lui-même, se recoquille en dedans de la plaie, de telle sorte que lorsque la cicatrisation se produit, la plaie en se rétrécissant déroule le bord cutané, l’attire vers son centre au point de le faire toucher, ou à peu près, avec celui du côté opposé, alors surtout que la peau de la région est mobile. Comme les bords sont précédés de la zone épidermique transitoire, on a naturellement attribué leur rapprochement lent et progressif à une production cutanée, alors qu’il était dû simplement à une traction que le tissu de cicatrice exerce sur eux en se rétractant.