Page:Griolet - Du mécanisme de la cicatrisation dans les parties molles.djvu/41

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Un phénomène remarquable de la cicatrisation isolée est cette attraction considérable dont nous venons de parler, qui s’exerce sur les parties circonvoisines et qui tend sans cesse à rétrécir en tous sens la surface de la plaie. L’effet produit est tel, que la surface traumatique cicatrisée est réduite au tiers, au quart et quelquefois au dixième et même au vingtième de la surface primitive. Aussi peut-elle déterminer des renversements de paupières, de lèvres, des déviations de membres, etc., qu’on observe assez fréquemment chez l’homme à la suite de larges brûlures. Chez nos animaux, de pareilles difformités sont rares, parce que la peau offre, en général, une grande résistance ; cependant on les observe quelquefois dans les plaies des lèvres et des paupières. Cette force siège dans tout le tissu de cicatrice et non dans la membrane des bourgeons charnus seulement. Elle est due à une rétraction et non à une rétractilité de la cicatrice, comme le prétend Cruveilhier. C’est ce que nous apprendront, du reste, les phénomènes intimes que nous allons étudier.

Phénomènes intimes. — Apparition des bourgeons charnus. Il est inutile de répéter ce qui se passe tout d’abord dans une plaie simple avec perte de substance : les phénomènes vasculaires qui s’y produisent sont ceux que nous avons déjà étudiés dans le mécanisme intime de la cicatrisation par première intention. En un mot, obstruction, jusqu’à la première collatérale, des capillaires divisés, dilatation des vaisseaux situés autour de la plaie, et par suite exsudation séreuse dans le tissu conjonctif et à la surface de la plaie : tels sont les premiers phénomènes intimes que l’on observe.

Il arrive ensuite, généralement, que des lames de tissu de la surface de la plaie meurent par le fait d’insuffisance