Page:Griolet - Du mécanisme de la cicatrisation dans les parties molles.djvu/5

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C’est ainsi qu’à une époque où l’on ne possédait aucune notion d’anatomie et de physiologie, a été formulée cette fameuse théorie de la régénération des chairs, qui, pendant près de vingt siècles, a régné dans la science.

Cette régénération était expliquée de deux manières : pour les uns, elle s’effectuait à l’aide du suc nourricier qui, s’échappant des vaisseaux divisés, parvenait à l’extrémité de chaque fibre, où il se durcissait et devenait chair ; de sorte qu’il y avait réparation matérielle, et suivait l’espèce, des parties divisées ou enlevées. Pour les autres, elle consistait en une dilatation des petits vaisseaux et l’extension d’un tissu flexible et délié, s’accroissant par l’impulsion des fluides, et se transformant bientôt en une substance blanche uniforme. Dans les deux cas, il y avait donc reproduction complète et intégrale.

Ainsi conçue, cette doctrine était évidemment fausse par son sens trop absolu ; il est certain que les muscles, les gros vaisseaux et les organes complexes, ne peuvent se reproduire. Mais elle n’était pas aussi absurde qu’ont bien voulu le prétendre ses adversaires ; et si elle n’est pas possible dans toute sa signification, elle est au moins acceptable avec certaines restrictions.

Quoi qu’il en soit, elle persista dans ce sens jusqu’à l’époque de l’Académie royale de chirurgie, au sein de laquelle elle fut vivement combattue, en 1752, par Fabre, un des membres les plus éminents et dont les idées, appuyées par Louis et Pibrac, finirent par prévaloir.

Ces nouveaux doctrinaires, rejetant toute espèce de régénération, admettaient que la cicatrice était tout simplement constituée par le suc nourricier qui se concrétait à la surface de la plaie et réunissait entre elles les parties divisées. C’était donc la réaction ; on tombait dans l’ex-