Page:Griolet - Du mécanisme de la cicatrisation dans les parties molles.djvu/6

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trême opposé. Ou pouvait cependant considérer cette opinion comme un progrès, parce qu’elle chassait du domaine scientifique une théorie séculaire, profondément enracinée dans les esprits, et qu’elle était elle-même plus susceptible de modifications, n’ayant pas le caractère absolu de la première. En effet, les partisans nombreux qu’elle eut dans la suite ne purent évidemment l’accepter telle que l’avaient exposée ses auteurs. Ils ne tardèrent pas à s’apercevoir que la cicatrice était un véritable tissu avec ses vaisseaux et ses nerfs. C’est pour cela que Thompson, Hunter, Vidal de Cassis, Cruveilhier et bien d’autres, du reste, ont expliqué le mécanisme de la cicatrisation par l’exsudation à la surface de la plaie d’un liquide particulier qu’ils appelaient lymphe plastique, coagulable, organisable, lequel s’organisait spontanément et constituait la cicatrice.

Comme on le voit, on se rapprochait sensiblement de la théorie de la régénération des chairs, malgré les dénégations de Cruveilhier et de certains autres qui repoussaient toute idée de reproduction. Ils bornaient le travail réparateur des organes à la formation d’un tissu particulier, la cicatrice, qu’ils considéraient comme essentiellement différent des tissus voisins. Mais ne sait-on pas, aujourd’hui, que la cicatrice est constituée par un tissu fibro-plastique de même nature que le tissu conjonctif, dont il ne diffère que par son aspect et nullement par ses caractères morphologiques ? Ne sait-on pas encore que, quand la cicatrice s’opère dans un tissu fibreux, un tendon, une aponévrose, son tissu s’identifie avec celui de ces organes, qui ne sont constitués que par du tissu conjonctif modifié seulement dans ses caractères physiques ? N’a-t-on pas constaté que les tissus fibro-cartilagineux et