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Page:Gros - Les explorateurs contemporains des régions polaires, 1881.djvu/81

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les explorateurs contemporains.

de dépecer la peau fraîche d’un phoque récemment tué.

Le mettre en joue, s’assurer de la rectitude du tir, lâcher la détente, fut l’affaire d’un instant. Hélas ! le coup ne partit pas. L’amorce de l’arme avait raté.

Cependant l’ours avait aperçu le chasseur et ce dernier, le voyant s’approcher, comprit qu’il y a des cas qui nécessitent une prudente retraite : il pressa donc le pas, rentra dans sa hutte, laissant l’animal à la porte. L’arme remise en état, il se présenta une seconde fois devant le terrible tardigrade. Cette fois le coup partit ; l’ours roula sur le sol, le cœur traversé par la balle meurtrière, et l’expédition eut de la viande fraîche pour plusieurs jours.

Cependant le champ de glace, qui servait d’asile aux naufragés, continuait à se réduire de plus en plus et commençait par ne plus offrir qu’une surface de vingt-cinq mètres carrés. Il devenait nécessaire de se procurer un autre abri. Les barques étaient en si mauvais état qu’il fallut presque renoncer à s’en servir. À l’aide d’une d’elles tant bien que mal réparée, et grâce à des va-et-vient sagement organisés, on se mit à aller d’un glaçon sur un autre. Ce mode de locomotion était lent, mais on pouvait espérer, en continuant à l’employer, de gagner la côte du détroit, quand le vent se mit de nouveau à fraîchir et à se changer en tempête. Le séjour sur la banquise qui s’effritait sans cesse davantage était devenu impossible.

On débarqua à la hâte sur un autre glaçon, et