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Page:Gros - Les explorateurs contemporains des régions polaires, 1881.djvu/86

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le drame du polaris.

songer à trouver un autre bloc plus solide : cette opération eut lieu sans encombre et les malheureux naufragés eurent presque un mouvement de joie quand, ce débarquement opéré, Joë vint les avertir que son compagnon et lui allaient être à même d’assurer la vie matérielle de tous.

Les phoques, qui depuis longtemps déjà avaient complètement disparu, commençaient à se remontrer, et deux de ces animaux avaient déjà succombé sous les coups de ces adroits tireurs. Avoir des phoques, ce n’était pas seulement avoir de la viande fraîche, mais encore c’était avoir de la graisse et de l’huile qui permettraient de faire du feu et qui rendraient possible la cuisson de cette chair déjà si répugnante par elle-même.

Nous avons dit que la nuit polaire, nuit implacable, ininterrompue, avait fait place d’abord à des crépuscules quotidiens, puis à des jours de courte durée. Le 29 avril, le capitaine Tyson, fit réunir tous les naufragés et quand ils eurent formé le cercle :

— J’ai à vous donner, leur dit-il, une nouvelle qui va vous combler de joie. Je ne saurais trop cependant vous recommander le calme et le sang-froid qui seuls peuvent nous permettre quelque espoir de salut. Jurez-moi donc de m’obéir aveuglément.

— Nous le jurons, s’écria d’une seule voix l’équipage.

— Hé bien, mes amis, ajouta le capitaine, éten-