Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/123

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C’est donc avec émotion que j’ai vu cette séance populaire, et si je n’ai pas retrouvé dans les évolutions naïves des fillettes l’impeccable rythme, la maîtrise lente et souple des prêtresses royales, j’ai du moins assisté à la saine joie du peuple et retrouvé les vieilles croyances encore un peu vivaces.

Elles furent charmantes, ces petites, à l’ombre du grand temple, sur la berge des douves, vêtues pauvrement sans doute et d’humble condition, mais dont les besoins de la civilisation n’avaient pas sophistiqué les apparences, ni compromis les convictions.

Plus d’une trentaine de torches brûlaient autour dune aire rectangulaire couverte de nattes. Des enfants entretenaient les flammes. A l’occasion de ce rare événement, tous les habitants des villages environnants étaient là. Les cris, les rires, les avis, le mouvement cessèrent dès qu’apparurent les actrices.

Elles étaient précédées de leurs maîtresses vêtues de blanc, dignes et recueillies, la tête fraîchement rasée. D’autres femmes suivaient, portant sur des plateaux les accessoires de danse recouverts