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s le silence sonore, la douce paix vous accompagne et sa main molle caresse toute chose.


Beng Méaléa. — Chaussée sur colonnes rondes traversant les douves, face Est
Beng Méaléa. — Chaussée sur colonnes rondes traversant les douves, face Est


XXXI

5 décembre.

Par instants, mon corps plie sous de grandes fatigues. Depuis huit mois je suis en route. Les campements en plein air, la table pliante et le lit de camp, voilà mon foyer. Et la solitude, si l’homme veut la supporter impunément, a besoin d’une volonté toujours en éveil et d’une activité extrême dans le travail.

Depuis quatorze jours j’erre dans Beng Méaléa dévasté. Cette perpétuelle escalade des effondrements, cette gymnastique de pierre en pierre pour atteindre aux points intéressants, ces croquis et ces relevés tracés debout, cette brousse qu’il faut écarter, dont les épines vous tiennent par les vêtements et dont les lacets vous lient par les pieds, tout cela m’a brisé. Le soir, il me faut me débarrasser des tiques qui fourmillent dans la mousse et les bois pourris.