Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/161

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négligence. Les effets charmants, les douces lumières, les groupes harmonieux que j’ai entrevus et dont mon âme et mes yeux furent si heureux, mais dont je n’ai pu tenter de fixer sur la toile la fugacité, restent dans ma mémoire un peu comme des remords.

Quoi donc me presse ? Mais tout. Mes fatigues de plus en plus fréquentes. Le temps qui fuit. L’inconnu qui m’attend. Mon inexpérience qui me gêne et me fait peur, mais qui s’atténue chaque jour. Les saisons qui modifient les aspects, ouvrent ou immobilisent les communications. La fièvre qui peut me saisir. Enfin la hâte de pouvoir comparer, vérifier ailleurs ce que j’ai trouvé ici ; la hâte irrésistible de voir, dé connaître autre chose et d’atteindre enfin à tous les points mystérieux du pays.

Le passé khmer est une telle énigme, un monde tel — qu’en l’état actuel de nos connaissances, l’approfondir, c’est encore l’effleurer. Lorsque la vie de beaucoup d’initiateurs et de pionniers se sera passée à fouiller les dépouilles opimes ; que dans toutes les branches des facultés humaines, beaucoup de spécialistes auront trouvé en elles de quoi lasser leur activité et qu’on sera bien