Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

bambous. Il y mène sa femme « posée comme une fleur » et ses enfants y jouent et s’exercent au maniement des pagaies.

Le tronc d’arbre qui fut autrefois balancé par le vent au bord de cette eau, l’est maintenant par cette eau et sous le même vent. Et sa double existence reste attachée à la même rive.

N’est-ce pas tout cela qui m’émeut au passage des sampans indigènes ; cette poésie intime qui s’isole dans un bercement suivi d’un sillage, sur la grande eau calme du fleuve, tandis qu’au delà tout est imposant et solennel : le ciel embrasé, la ligne lointaine et mystérieuse des berges, et le silence.


Le Mékong à Kompong Cham
Le Mékong à Kompong Cham


II

Les rives se perdent à l’horizon et des roches çà et là émergent. Les arbres, chaque année, battus par les eaux montantes jusqu’à leurs premières branches, montrent des racines blanches jetées dans le courant. Une écume épaisse et persistante tournoie.