Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/27

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que ma plume n’a qu’à mentionner ? Voilà pourquoi les peintres se mêlent parfois d’écrire.

Au-delà du temple, le flanc du mont où il fut édifié, monte dans des nuages perpétuels. Des roches qui surplombent le sanctuaire, une eau fraîche coule goutte à goutte. La psalmodie d’un bonze, accroupi à l’entrée d’une grotte, descend jusqu’à moi. Une brise légère plisse l’eau du grand lac où plonge le pied du mont. Elle apporte, on ne sait d’où, des parfums de citronnelle et de frangipanier. Et la vue s’étend sur la plaine, la vallée du Mékong et l’horizon bleu des montagnes des Boloven.

Notre édifice est dans son cadre. Comprend-on désormais le charme de sa simplicité et tout le caractère qu’expriment dans le crépuscule ses colonnes qui penchent ? Comme il est bien là, ce temple dominant le pays, et se mêlant un peu à la verdure qui bleuit.

Maintenant, de la plaine, arrive le son des grelots des buffles. L’horizon se violacé. La psalmodie du bonze s’est éteinte avec sa robe jaune. La brise est tombée. Le lac dort sous un voile qui se déchire aux arbres de la rive. Tout s’efface : l’édi