Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/37

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ouissaient dans l’ombre grise et lorsqu’elle s’est retournée à mon approche, un mince rayon de soleil illumina le cône d’ivoire qui ornait son oreille. Au delà de la case qui l’abritait et au bout d’un long pieu, l’on voyait un pigeonnier surmonté d’une toiture aiguë de pagode. Plus loin, deux hommes surveillaient des morceaux de chair découpée, étalés sur une claie et qui grillaient au feu. Les hommes avaient du sang jusqu’aux coudes. Ils étaient assis sur un pilon à paddy. Le chien à tête de loup dormait sur un lit blond de mouture épandue.

Errant à travers ce village, et puisque le sentiment rustique qu’il convenait d’éprouver m’envahissait, j’essayai de me remémorer les villages lointains de France. En vain ai-je imaginé de grands arbres, une journée accablante de juillet, la mouture de blé sur l’aire des granges, le pigeonnier à l’entrée de la cour et la charrette à bœufs sous le noyer. Je n’ai pu juxtaposer les deux visions.

C’est qu’ici, dans cette brousse qui n’est pas la campagne, — notre campagne —, dans cette brousse âpre et brûlée, où seuls poussent le riz et quelques courges, le village ne signifie pas le g