Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/77

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de regarder par la verrière de mon atelier, de son temple admirable dont je m’étais toujours entretenu, et pour qui j’avais combattu.

Mais, ces jours-ci, tandis que j’approchais, avant de voir se dresser au-dessus de la mer des arbres, le grand lotus de pierre, je me demandais si ma longue exaltation n’avait pas dénaturé, imperceptiblement, de jour en jour, mon souvenir et de jour en jour l’embellissant, n’avait changé les tours de pierre en tours d’or.

Naguère, je n’avais vu qu’Angkor. J’en avais gardé un tel éblouissement qu’il était resté pour moi une révélation sans pareille. Si tout ce que l’on a vu dans son passé peut s’accumuler sur un point vers lequel aux heures de recueillement on se retourne, Angkor certainement couronnait le sommet de mon passé.

J’en approchais donc. Il me semblait que je respirais encore le vent de Prah Vihear, où j’avais puisé des impressions si profondes et que ce morne couvent retenait prisonnière un peu de mon admiration. D’autres groupes fameux, étudiés depuis, s’interposaient à leur tour. Alors, l’esprit ému de toutes ces nouvelles idoles découvertes, tandis que