Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/80

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l’autre, la première, ne luisait plus que dans le lointain ; à tous ces nouveaux enthousiasmes que je croyais impossibles, je doutais de la persistance de mon admiration. Et j’avançais sur les grands lacs où semblent méditer les marabouts, en me demandant si Angkor me paraîtrait toujours aussi beau. Les raisons des amours des hommes ne sont pas toujours dans la beauté et les qualités de leurs objets, mais dans les idées qu’ils «’en font durant les instants d’absence, et les couleurs dont ils les parent, pour y songer.

Je viens de revoir Angkor Vat, temple de la ville royale. J’avais attendu l’heure propice, lorsque le soleil est bas et va disparaître. L’air était d’une limpidité extraordinaire, le ciel ouaté de petits nuages blancs. Tout d’abord, de loin, les cinq tours m’ont semblé plus près qu’autrefois et leurs assises plus marquées. La masse devenait d’un gris vert si fin que la pierre avait de vagues transparences. Les grands bambous des côtés se doublaient dans l’eau immobile des douves.

Toute la chaussée était déjà plongée dans l’ombre. Et puis ce fut l’esplanade, au-delà de l’entrée monumentale, unie, verte, dominant les deux bassins