Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/84

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longeant l’interminable voûte, ne s’échappe que par un petit trou rectangulaire, grand comme la main ; la porte d’angle. La deuxième voûte d’un appentis double la colonnade et face aux quatre points cardinaux le mur est grouillant de bas-reliefs.

En ce refuge, loin des bruits du monde et où il fait frais, l’on plonge dans la légende et dans le passé. À fleur de pierre la foule des héros, les guerriers et des princesses s’agitent, se promènent ou s’entretuent. Les grès ont des tons de fleur ou de bronze. Çà et là, les attouchements des pèlerins les ont rendus brillants et noirs comme du marbre ou de l’ébène, Des vestiges de rouge se voient au creux des sculptures. Et cette polychromie retire à la pierre sa froideur et sa masse, ce qui fait plus hallucinantes encore les scènes fantastiques dont elle frémissait déjà.

Les uns sur les autres — ainsi que les Égyptiens et tous les ornemanistes primitifs — les Khmers ont superposé les plans de leurs scènes. Tous les personnages du Mahâbhârata et du Râmâyàna défilent, escortés de leurs musiques ou luttent, comme dans la littérature, avec une furie épique.